Les premiers boutons d’acné

25 avril 2021 0 Par Nadiege

Les plus intéressants, ils poussent sur le visage. Bien sûr, il y en a beaucoup d’autres, sur le dos, sur le décolleté. Mais aucun n’apporte autant de plaisir que celui qui a grandi à côté de la lèvre supérieure, dont on a surveillé la croissance, bien formé, que l’on perce lorsqu’il est mûr à point, et qui explose enfin entre les doigts libérant son pus, puis un peu de sang, procurant une jouissance éphémère mais ô combien intense.

A l’adolescence, après l’appareil dentaire, et la pousse des poils, son apparition  constitue  une préoccupation constante ;  une menace, celle d’être défigurée, et une promesse, la perspective de le crever. Je ne parle pas du comédon, point noir facilement éliminé sans trace ; ni de la papule rouge un peu sensible au toucher. Non, rien n’égale la pustule, enflammée à la base, blanche au sommet dont on attend une maturation suffisante pour s’autoriser à en expulser brutalement le contenu et qui laissera un stigmate pendant au moins deux semaines.

La première fois, le bonheur est total, la patience vraiment récompensée. On tamponne le sang qui sort désormais du petit cratère ave un mouchoir imbibé de lotion désinfectante. On éprouve la satisfaction du devoir accompli avec l’inconscience que confère l’absence momentanée de cicatrice. Joie  éphémère, au deuxième  l’intensité de la sensation décroît, au troisième, c’est déjà la routine. De toute façon, plus d’attente prometteuse, la poussée est régulière.

Alors, avec la communauté des boutonneux, on échange des techniques, toutes plus barbares les unes que les autres, le badigeonnage au coton-tige enduit d’alcool iodé, la décapitation à l’aiguille stérilisée avec un briquet,  avant de constater que d’un point de vue esthétique le remède est pire que le mal.

Et puis on devient patient et raisonnable. On apprend progressivement à le surveiller, le désinfecter,  l’assécher avec des pommades efficaces, à le camoufler aussi comme une marque honteuse qu’il faut dissimuler. On a compris qu’il faut éviter la cicatrice, que cela fait négligé. Bien entendu, avec des soins adaptés, petit à petit, on retrouve une peau nette, mais plus jamais  le plaisir fulgurant apporté par la méthode la plus radicale qu’on a  laissée de côté sans anéantir totalement la tentation d’y recourir sans culpabiliser.

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