Attention à la marche !

13 mars 2022 2 Par Nadiege

Lorna se bouche les oreilles pour ne plus les entendre. Elle est recroquevillée dans son lit. Papa hurle : « Salope ! Tu me prends vraiment pour un con ! », Maman supplie : « Arrête ! Je suis juste sortie acheter des pâtes pour ce soir, il n’y a plus rien dans la maison ». Elle entend les coups de poing, il frappe d’abord les murs, puis la table, puis maman, elle crie. Elle sort de sa chambre, descend l’escalier au moment où il l’envoie valser contre le bahut. Elle tombe, il lui donne un coup de pied. « Arrête, papa. Tu lui fais mal ! », « Remonte dans ta chambre où je t’en colle une ! »

Lorna s’éloigne, il a bu. Les coups continuent de pleuvoir sur maman. Finalement il se lasse, titube, monte péniblement vers la chambre en s’accrochant à la rampe, une dernière menace, il s’écroule sur son lit. Lorna écoute, il ronfle, elle peut descendre. Maman est recroquevillée dans un coin du salon, elle saigne du nez. Elle la prend dans ses bras pour la consoler. Comme souvent, elles dormiront toutes les deux dans sa chambre.

Le lendemain, papa emmène Lorna à l’école en partant au travail et il enferme maman à clé dans la maison.

La maîtresse trouve Lorna fatiguée et triste. Elle la questionne. Cette fois Lorna craque, elle raconte, elle a peur pour maman et aussi pour elle, oui ça arrive souvent. Elle la conduit chez une autre dame, qui lui explique  qu’elle peut aider maman. Elle veut savoir si quelqu’un d’autre est au courant de ce qu’elles vivent. Lorna se souvient qu’elle a dit un jour à mamie que papa était méchant avec maman, mais mamie a dit que c’était maman qui l’énervait, et que sans ça papa n’était pas méchant. « Mes autres papi et mamie, on les voit plus. Papa veut pas. Et Maman n’a pas d’amie non plus, papa les trouvait stupides, elle les voit plus. » La dame lui dit qu’elle va faire un signalement, lui explique ce que ça veut dire, qu’en attendant elle sera discrète, et lui demande de l’être aussi.

A la maison, la vie continue, les coups aussi, maman a des marques, c’est pour ça que papa ne veut pas qu’on la voie. Elles vont mourir, c’est sûr, et personne ne les aide. Un soir où il tape encore plus fort, où maman s’est évanouie, Lorna s’échappe, court sonner chez un voisin. Il accepte d’intervenir, menace d’appeler la police, fait la leçon à Papa qui se  calme,  promet d’appeler le médecin pour maman et de ne pas nous frapper. Dès la porte refermée, il prend une bouteille dans la cuisine et monte se coucher, en lui disant « tu perds rien pour attendre ». Lorna sait que personne ne reviendra  voir si tout va bien, elles sont seules.

Un quart d’heure plus tard, Lorna hurle des insultes dans le salon. Papa arrive sur le palier, lui demande de la fermer, non, elle n’arrêtera pas, il s’énerve, tu vas voir si je descend, elle poursuit, il se précipite et trébuche sur le manche du balai, et il dévale la tête la première, il git assommé en bas, il a vomi, il s’étouffe, enfin, il ne bouge plus. Il ne cognera plus personne. Elle replace le balai  dans le placard avant d’appeler un médecin.